5 février 2012

« L’invité » – Roald Dahl

Ou « De la difficulté d’écrire des billets longtemps après la lecture d’un livre »…

Je suis en pleine préparation d’exposition mais vais essayer, de ci de là de vous livrer quelques billets que j’espère aussi complets que possible car portant sur des livres lus il y a quelques semaines voire quelques mois, hum…

Donc là je vous parle d’un texte, une longue nouvelle, lu en août. Je revois, avec mon petit, dans le bus, lisant ce court texte du grand Roald Dahl !

Le narrateur, ayant vécu enfant au Pays de Galles et d’origine norvégienne (comme l’auteur) reçoit une malle contenant les mémoires en 28 volumes de son grand-oncle, Oswald Hendryks Cornelius, récemment décédé.

Vingt-huit volumes d’exactement trois cents pages chacun, cela en fait de la lecture, et rares sont ma foi les auteurs capables de tenir leurs lecteurs en haleine sur cette distance. Oswald, lui, le pouvait.

(p.13)

C’est que cet Oswald est un homme incroyable : séducteur invétéré, adepte des cravates en soie d’araignée qu’il récolte lui-même, grand aventurier un brin maniaque et très cultivé!

Le narrateur décide donc d’offrir au regard du lecteur certains volumes, moins sulfureux que d’autres (les protagonistes étant pour certains encore vivants, il lui eût été impossible de nous les faire lire!)… un procédé qui m’a beaucoup plu!

L’épisode que nous lisons donc est celui du Sinaï (1946) est il est sa-vou-reux! En effet les passages concernant le raffinement, les arias (dont Aïda, très adapté à sa traversée égyptienne) écoutés par Oswald en voiture, en plein milieu du désert, ses rendez-vous galants (« Pour ma part je n’ai jamais,absolument jamais laissé une relation intime se prolonger plus de douze heures » p.30-31) et son dégoût pour les microbes, virus et autres saletés sont délectables. Les situations cocasses et parfois oppressantes.

Je plongeai la main dans le vide-poches de portière pour prendre ma bouteille de Glenmorangie. Je m’en versai un gobelet bien tassé et attendis en le sirotant. L’homme avait poussé son visage à moins d’un mètre de moi ; son haleine fétide avait envahi a voiture… qui sait combien de milliards de virus s’y étaient engouffrés en même temps ?

(p.45)

Et un passage sur les livres, l’amour des livres, jubilatoire:

Je fouillai dans le fond de la voiture où je range toujours ma caisse de livres, et, sans même regarder, pris le premier qui me tomba sous la main. La caisse contenait trente ou quarante des meilleurs livres du monde, qui tous pouvaient se relire une centaine de sois en gagnant encore à chaque nouvelle lecture.

(p. 53)

Bref, un texte plaisant, une langue raffinée mais, comme toujours chez Roald Dahl, comme dans ses histoires pour enfants, un ton drôle et décalé avec,en plus, un ton plus libre, plus osé aussi.

En un mot, Roald Dahl est un grand auteur, de ceux qui peuvent nous accompagner au cours des différentes phases d’une vie.

L’invité – Roald Dahl (1965) – 96 pages – Gallimard – Folio 2 € – 2010

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2 commentaires:

  1. Oh, je ne connaissais pas cette novella, tu me donnes très envie, j'adore l'auteur et son humour grinçant ! Merci pour cette critique sur un des livres peu connus de l'auteur !

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  2. Merci à toi de l'avoir lue et appréciée ^^
    Et puis j'adore découvrir ce genre d'écrits, moins connu mais en fait si savoureux. Maintenant j'aimerais trouver le reste du recueil dont est extraite celle-ci... apparemment il y en a une autre avec l'oncle Oswald ;))

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